Un nuage de poussière, comme si on fouillait le sol... On dit que cette Ville ne serait constituée que de Fouineurs...

mardi 26 janvier 2010

Jour 18 - Vendetta

Un mal de crane assourdissant me réveilla alors que le soleil était déjà haut dans le ciel.
Les marteaux des ouvriers résonnaient sur les murs de la ville, s'amplifiant pour finir de me torpiller le cerveau.
Tant bien que mal, je me mis sur pieds. Les yeux embués, la bouche pâteuse, une nouvelle fois je pestais contre l'alcool frelaté d'Haargnold.

Il était temps de sortir, de s'activer vainement dans l'illusion de repousser les putrides.

Habillé mais loin d'être frais, mes pas me conduisirent chez Smoof, mon frère d'arme. Impossible d'entreprendre quelconque tache tant que les rouages de ma cervelle ne se seraient pas remis en mouvement.
J'avais besoin d'entendre ce qu'il s'était passé en ville pendant mon absence comateuse tout en espérant pouvoir profiter d'un bon bout de fromage.

Malheureusement, en lieu et place d'une bonne tartiflette fumante, c'est une porte close qui m'attendait. Naturellement, je me rendis chez Krokie, sur de le retrouver dans son taudis en train de refaire le monde comme à leur habitude.

Un silence de mort s'échappait de la porte ouverte de la demeure de Krokie.
Intrigué, je jeta un coup d'oeil rapide à l'intérieur.
Pas de Krokie, mais un Gantzer en larme, assis sur le lit. Ses larmes souillaient une à une une vieille photo de Krokie prise lors du rituel qui avait suivi son passage à l'âge adulte.
Pourquoi Gantzer le boute en train se liquéfiait-il ?
Je pénétra dans l'antre obscur et sombre, prêt à me moquer du triste sir. Krokie l'avait-elle encore rejeté ?

- Hey ! C'est pas grave puceau si elle t'as encore envoyé boulé, t'en trouveras une facile un jour.

Ma blague vaseuse n'eut pas l'effet escompté.
Les larmes de Gantzer redoublèrent d'intensité et c'est ainsi qu'il m'apprit la mort de nos amis Smoof le fromager et Krokie la noobette.

- Ils n'ont pas pu rentrer en ville à temps. Leur expédition a mal tourné. Trop d'imprévus, trop de zombies, trop longue...
Mais tu les connais, ils aimaient le risque...

Estomaqué, je restai sans voix.
Le coeur serré. Sans savoir pourquoi, pour me rassurer sans doute, je prononçais quelques paroles dénuées de sens.
- Oui, leur dernier rodéo. Une belle fin pour eux.
- Mieux que pendu, c'est certain sanglota-t-il.
- Pourquoi dis tu ça ?
- Hier, Young a harangué la foule, les a calomnié, insulté devant tous nos concitoyens sans que personne prenne leur défense.
- Pardon ?

Les dernières brumes désertèrent mon cerveau en un instant.
- Peux-tu me répéter ?
- Young les a trainé dans la boue, les a accusé d'être des traitres, d'avoir trompé la ville pour mieux servir leurs intérêts personnels.
Les citoyens buvaient ses paroles, ils étaient prêts à les pendre tous les deux dès leur retour.
Ils les attendaient avec une corde, Ben !!!

Mon sang ne fit qu'un tour.
Encore ce Young. Cette langue de vipère avait décidément l'insulte trop facile.
J'avais déjà eu des mots avec lui. Nous ne nous portions pas dans nos coeurs mais ses propos m'indifféraient jusqu'à ce triste jour.
Mais on n'insulte pas impunément ma famille.
Il était temps de s'expliquer.

- Viens Gantz', nous allons régler ça !

La rage avait pris le dessus.
Le sang bouillonnait dans mes veines, mes plus sombres instincts animaux refaisaient surface et il m'était impossible de les renier ou de les refouler, j'avais soif de vengeance.

D'un pas décidé nous traversâmes la ville en direction du taudis de Young, bien décidés de le passer à tabac.
Nous croisâmes Teia, qui rejoignit rapidement notre cause après quelques explications.

Finalement, nous n'allions pas le rouer de coups, la mort serait le seul moyen de laver l'affront fait à la famille.
Un détour par la banque nous permis de récupérer l'instrument de la vengeance, une belle chaine à peine rouillée.

Arrivé devant chez lui, il ne nous fallu pas longtemps pour régler nos différents.
Rien ne sert de discuter avec cet hypocrite a ajouté Gantzer.
Rapidement maitrisé, nous le portâmes jusqu'à l'échafaud de fortune construit à la hâte.
Son sort s'est réglé en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.

Haut et court !
Pour l'honneur !
Pour la famille !

Le corps de Young gisait dans la poussière, son visage figé dans un dernier rictus hautain.
En guise d'extrême onction, je pissa sur son cadavre encore chaud et tourna les talons, l'abandonnant aux corbeaux et autres charognards.



Ben52